Amandine Bernejo : « Un mindset solide, ce n’est pas une armure, c’est une boussole intérieure »

Dans cette interview exclusive pour Neuromind7, Amandine Bernejo, coach en mindset dont le parcours est marqué par une résilience exceptionnelle, nous livre sa vision d’un état d’esprit qui ne se limite pas à la pensée positive, mais constitue une véritable posture intérieure pour traverser les tempêtes de la vie.

Amandine Bernejo a transformé des épreuves personnelles en une mission d’accompagnement. Après avoir traversé le deuil à un jeune âge, l’état végétatif de sa mère pendant 20 ans, le harcèlement scolaire et d’autres traumatismes, elle s’est reconstruite pour aujourd’hui aider les autres à transformer leur vision d’eux-mêmes. Nous l’avons rencontrée pour comprendre sa philosophie du mindset.

Neuromind7 : Qu’est-ce que le « mindset » signifie pour vous, concrètement, au quotidien ?

Amandine Bernejo : Ce n’est pas juste une manière de penser. C’est une posture intérieure, une force de fond, une boussole qui nous guide, même quand tout tangue. C’est à la fois un état d’esprit, une qualité de présence à soi et une boîte à outils mentale et émotionnelle qui permet de traverser la vie avec plus de conscience, de paix et de puissance. Ce n’est pas chercher à devenir invincible ou infaillible. Ce n’est pas fuir les émotions « inconfortables » ni prétendre que tout va bien tout le temps. C’est s’ancrer dans une foi profonde en soi, en la vie et dans notre capacité à faire face. C’est savoir que quelles que soient les tempêtes on saura toujours trouver en soi les ressources pour se relever, réajuster, se réinventer. C’est aussi apprendre à reconnaître quand il est temps d’agir et quand il est plus sage de lâcher prise. C’est aussi se donner le droit d’être heureux. Apprendre à s’aimer, à se faire confiance, à se pardonner. Se rappeler que l’on peut à tout moment choisir une autre voie, écrire un autre chapitre, même après les pires chutes.

Concrètement au quotidien c’est ce qui permet de prendre du recul, de transformer les obstacles en enseignements, de ne plus subir sa vie mais de la créer en conscience. Et surtout d’avancer, même doucement mais toujours en direction de soi.

Neuromind7 : Quelles sont, selon vous, les pensées les plus limitantes que les gens entretiennent sans s’en rendre compte ?

Amandine Bernejo : Beaucoup de personnes, surtout celles qui ont traversé des épreuves (et plus on avance en âge plus elles sont nombreuses car personne n’échappe à la vie) développent des pensées limitantes sans même en avoir conscience : pourquoi moi ? Ma vie est comme ça je ne peux rien y faire, je n’y arriverais jamais je ne suis pas à la hauteur, les autres ont plus de chance, ils sont mieux que moi, lui il est né avec une cuillère en argent dans la bouche, personne ne m’aime, c’est trop tard pour moi, je suis comme ça je ne peux pas changer etc, etc.

Ce sont rarement les faits qui emprisonnent mais les croyances qu’on a construites autour de ces faits. Il suffit parfois d’un seul événement douloureux pour que le corps l’enregistre, que l’inconscient généralise et qu’une peur devienne intérieure. On commence à vivre à travers le prisme du traumatisme et non plus depuis notre potentiel. Notre éducation, notre environnement social, la culture dans laquelle on baigne peuvent renforcer ce conditionnement : la croyance en la fatalité, l’idée qu’on doit « mériter » sa place, ou que l’argent, le bonheur ou la réussite ne sont réservés qu’à une élite.

Et la plus grande limite : la croyance que le changement n’est pas possible. Que l’on ne peut pas recommencer. Que l’on est condamné(e) à rester celui et celle qu’on a toujours été.

Neuromind7 : Quel a été pour vous le déclic qui a transformé votre manière de penser ?

Amandine Bernejo : Le vrai déclic je l’ai eu après avoir voulu tout fuir. Après l’accident de ma maman, une part de moi a voulu disparaître avec elle. J’ai tenté de fuir la douleur de toutes les manières possibles : TS, alcool, exil géographique à l’autre bout de la France puis à Londres. Comme si mettre de la distance allait anesthésier ma peine. Mais on ne fuit pas une douleur qu’on porte à l’intérieur.

En rentrant de Londres quelque chose en moi s’est réveillé. J’ai pris conscience que je ne vivais plus. J’étais en train de m’éteindre doucement mais sûrement. Et cette phrase a surgi : « tu es en train de mourir intérieurement alors que des personnes comme ta mère, elles, n’ont plus cette chance de vivre. Honore leur vie en vivant pleinement la tienne. » C’est là que tout a basculé. Ce que je fuyais est devenu un moteur. J’ai eu envie de me relever, de réussir. Je suis rentrée, j’ai trouvé un CDI, pris un studio et je me suis dit : « ok maintenant tu construis. Tu choisis la vie, même bancale, même avec des cicatrices, mais la vie. »

Et plus tard, mes enfants sont venus renforcer ce déclic. Je ne voulais pas leur transmettre un héritage émotionnel pesant, sombre, plein de non-dits. Je voulais leur offrir un environnement sain, porteur de joie, d’amour, d’équilibre, de rites, pas un monde où l’on survit mais un monde où l’on vit pleinement.

Neuromind7 : Quels sont les rituels simples que vous recommandez pour renforcer un état d’esprit positif ?

Amandine Bernejo : Je ne crois pas aux recettes universelles. Ce qui élève un peut oppresser l’autre. Avant de recommander un rituel je ressens, j’écoute, je m’adapte. Il faut comprendre la personne, son rythme, son monde intérieur. Cela dit je peux partager ce qui pour moi constitue une base d’hygiène mentale et émotionnelle.

Le matin, je commence par un minimum de rangement. Un intérieur clair pour un esprit clair. L’environnement joue sur notre équilibre mental. Je marche dans la nature environ 30 minutes. C’est un moment à moi. Je choisis ce que j’écoute selon mon état : de la musique joyeuse ou mélancolique, un podcast, des affirmations, de l’autosuggestion… J’écoute mon émotion du jour et je me connecte à elle, je ne la fuis pas.

30 minutes de musculation. Pour m’ancrer, me sentir puissante, vivante, dans mon corps. C’est une façon de me rappeler que je suis solide.

J’ajoute souvent une bulle de protection, une pratique spirituelle que je visualise pour poser une barrière douce entre moi et les énergies extérieures. Je médite parfois, sans forcer. 5 minutes de respiration consciente pour me recentrer. Et je termine par 10 minutes d’autosuggestions positives pour poser mes intentions.

Le journaling est un de mes outils clés. Écrire me permet de faire le tri, de prendre du recul, d’apaiser le mental.

Neuromind7 : Comment peut-on cultiver la confiance en soi quand on a l’impression de partir de zéro ?

Amandine Bernejo : Quand quelqu’un a l’impression de partir de zéro souvent il ne s’agit pas seulement d’un manque de confiance. Il y a souvent en toile de fond un environnement toxique, une accumulation de blessures, une sensibilité, des paroles destructrices, des conditionnements invisibles. La 1ère étape ce n’est pas de foncer tête baissée vers « plus de confiance ». C’est de se poser des questions : qui m’a fait croire que je ne valais rien ? Quels mots ont forgé cette image de moi ? À qui ai-je laissé le pouvoir de me définir ?

Et peu importe ce que tu as fait ou vécu : personne n’a le droit de te manquer de respect. Pas même toi envers toi-même. Si tu veux t’élever il faut d’abord te libérer du poids que tu portes. Oui tu as pu mal agir à certains moments mais pardonne-toi, pas pour oublier mais pour avancer.

Ensuite si tu le peux : éloigne-toi de ceux qui te tirent vers le bas. Et si ce n’est pas possible travaille la mise à distance intérieure. Pose une limite psychique, énergétique. Reprends la place que tu n’as jamais cessé de mériter.

Zéro ce n’est pas rien, c’est un point de départ, c’est la promesse que tout reste à créer.

Neuromind7 : Pourquoi est-il si difficile pour beaucoup de personnes d’accepter leur propre valeur ?

Amandine Bernejo : Accepter sa valeur ce n’est pas seulement se regarder dans le miroir et se dire qu’on est « bien comme on est ». C’est plus profond que ça. C’est accepter d’avoir un poids dans le monde. Ça veut dire que nos mots comptent. Que nos choix façonnent notre réalité. Que nos actes ont un impact. Cette prise de conscience aussi belle soit-elle vient avec une grande responsabilité.

Car dès qu’on admet qu’on a de la valeur on ne peut plus se cacher derrière les excuses, les blessures du passé ou les discours limitants qu’on nous a servi pendant des années. On ne peut plus tout mettre sur le dos des autres ou des circonstances. On comprend que c’est à nous de jouer maintenant. Et tout le monde n’est pas prêt à ça.

Il y a aussi ceux qui ne peuvent pas encore voir leur valeur, parce qu’on ne leur a jamais reflétée. Quand on grandit avec des mots blessants, des humiliations, du rejet ou de l’indifférence, le discours intérieur finit par se calquer dessus. Et à force de répétition on finit par y croire. La bonne nouvelle c’est que petit à petit, avec du soutien, du courage et les bons outils on peut désapprendre les mensonges et se réapproprier sa valeur comme un droit et non comme un luxe.

Neuromind7 : À quel moment peut-on dire qu’un mindset est « solide » ? Quels en sont les signes ?

Amandine Bernejo : Un mindset solide ce n’est pas quelque chose qu’on obtient une bonne fois pour toutes. C’est un état d’être qui s’entretient, un style de vie, une écoute constante de soi, une discipline douce mais déterminée. La vie ne nous laissera pas en paix pour toujours, il y aura toujours des imprévus, des pertes, des déceptions, des remises en question.

Un mindset solide ce n’est pas un mental de fer qui ne fléchit jamais, c’est la capacité à plier sans se briser. C’est quand tu te connais suffisamment pour reconnaître tes cycles émotionnels, savoir ce dont tu as besoin pour aller mieux, pour remonter. C’est quand tu as en toi cette conviction intime que tu ne vas pas abandonner quoi qu’il arrive. Même quand tu tombes, quand tu pleures, quand tu doutes tu sais quelque part en toi que tu vas te relever.

C’est aussi savoir traverser ses émotions sans s’y perdre. Ne pas les fuir, les accueillir. Les laisser passer. Et ensuite remettre du mouvement, chercher la lumière, remettre du sens. Un mindset solide c’est une alternance subtile entre l’écoute de soi et l’action, c’est la force tranquille de celui ou celle qui ne cherche plus à fuir les vagues mais qui apprend à nager encore et encore jusqu’à trouver le rivage.

Neuromind7 : Faut-il toujours rester positif ou y a-t-il de la place pour les émotions négatives dans un bon mindset ?

Amandine Bernejo : Absolument pas. Un mindset sain et solide ne repose pas sur une positivité forcée. Il repose sur la lucidité émotionnelle. Et la lucidité c’est accueillir toute la palette de nos ressentis même les plus sombres. Tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime. Et ce qu’on garde à l’intérieur finit par nous ronger ou ressortir de façon détournée (dans le corps, les relations, les comportements).

Il est essentiel d’accepter toutes nos émotions. Le but est de ne pas s’y noyer, d’apprendre à les reconnaître, à les traverser, à les extérioriser, au bon moment, avec les bons outils et dans le respect de soi et des autres. Une émotion négative est souvent un signal, un appel intérieur, une demande de retour à soi. Et si on sait l’écouter et la transformer elle peut devenir un levier de conscience, de transformation et d’évolution.

Un bon mindset c’est faire de la place à tout mais ne rien laisser prendre toute la place.

Neuromind7 : Quelle erreur mindset voyez-vous souvent chez les entrepreneurs ou les personnes en reconversion ?

Amandine Bernejo : Je travaille avec des entrepreneurs déjà établis, ce que je remarque le plus souvent c’est une pression mentale immense souvent auto-infligée. La comparaison, la course à la performance, l’obsession du « succès visible ». Et ce stéréotype du mindset de guerrier sans état d’âme : toujours fort, toujours en action. C’est irréaliste et dangereux à long terme. On finit par s’éloigner de soi, par s’épuiser, par confondre constance et acharnement.

À l’inverse pour d’autres je vois parfois un excès de douceur sans passage à l’action. On peut se respecter, se reconnecter à soi (et c’est essentiel) mais sans persévérance, sans discipline il n’y a pas de transformation durable. Il faut apprendre à avancer avec ses peurs et ne pas non plus rester fixé sous prétexte d’écoute de soi.

Le mindset c’est un cheminement vivant, personnel, évolutif. Et c’est à chacun de devenir responsable de ce chemin.

Neuromind7 : Si vous ne deviez donner qu’un seul conseil mindset pour traverser les périodes de doute, ce serait lequel ?

Amandine Bernejo : Je dirais : pose tout. Sors de ta tête. Écris. Respire. Reviens à toi. Quand le mental tourne en boucle, que les doutes s’enchaînent, il ne faut pas chercher à tout comprendre dans l’instant. Il faut déposer le poids.

Tu peux écrire ce qui te traverse sans chercher à trier, juste sortir ce qu’on garde à l’intérieur. Puis s’occuper de soi, vraiment. Nourrir son corps, son cœur, son énergie. Voir des gens lumineux, s’entourer de ceux qui élèvent. Revenir à des choses simples : marcher, respirer, écouter de la musique, faire ce qui te fait du bien. Remplir sa jauge, recharger sa lumière.

Et quand on reprend un peu de clarté, même juste un souffle de mieux alors là on agit, même un petit pas. L’action c’est le mouvement et le mouvement c’est la vie.


Les mots d’Amandine Bernejo résonnent comme un rappel puissant : notre mindset n’est pas une destination mais un voyage, pas une armure mais une boussole. Dans un monde qui valorise souvent l’invulnérabilité, elle nous invite à embrasser notre humanité complète – avec ses hauts, ses bas, ses doutes et ses certitudes. Car c’est peut-être là que réside la vraie force : non pas dans l’absence de chute, mais dans notre capacité infinie à nous relever, à transformer nos blessures en sagesse, et à choisir consciemment le chemin de notre vie, un pas après l’autre.


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